Le Grand Jeu, est une installation participative qui se présente comme une exposition in-achevée.Les phénomènes du jeu sont ici au coeur de notre écriture: l’envie de participer, le rapport à l’aléatoire, les interactions entre joueurs. L’idée est de nous proposer à nous même un jeu qui vient déplacer nos pratiques : une façon de faire se rejoindre l’expérience curatoriale et l’écriture de plateau.Lorsque l’on entre dans cet espace, on aperçoit un plateau lumineux au sol, sur lequel repose quelques objets quotidiens; on distingue dans la pénombre des fragments d’installations dont on ne comprendra que plus tard le sens et l’usage. On entend un tournoiement d’oiseaux. On avance dans un espace qui se construit autant par les présences humaines que par celle des objets. On perçoit que l’on va partager ensemble une expérience sensible. Des affinités se créent : on me propose à boire, j’écris sur un tableau, j’assiste à l’apparition d’un paysage, on me parle à l’oreille, je danse. Le Grand Jeu, tout en retenu et en douceur, fait évoluer les rapports des uns aux autres, du collectif et de l’individuel. Le Jeu prend corps dans cette ambiance et devient un réel spectacle : vivant, intriguant et émouvant.
Le rôle du curateur est ici délégué au public. L’exercice est fascinant pour ceux qui se perdent dans la partition des scénarios proposés. Il s’agit aussi d’un jeu démocratique pour celles·ceux qui seront les plus actifs. Le Grand Jeu avance comme un enchaînement de réactions en chaîne. On y croise des morceaux de scénographies, des esquisses de pièces sculpturales, des dessins, des costumes, des films projetés, des objets de mobilier quotidien. L’ensemble dégage une sensation de vide, d’absence et même d’effroi.